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LE GRAND FOSSÉ

Avenue Éditoriale : No. 14, 15 novembre 2024 

« Petits papillons d’un moment,

Invisibles marionnettes,

Qui volez si rapidement

De Polichinelle au néant

Dites-moi donc ce que vous êtes. »

 

Voltaire (1778), Adieux à la vie


Avant d’entamer la lecture de l’éditorial de ce mois-ci, nous vous invitons à prendre un instant pour réfléchir à un moment difficile de votre vie. Peut-être est-ce toujours un événement douloureux qui surgit dans votre mémoire et que vous n’appréciez pas l’idée de revisiter. Mais en y réfléchissant bien, lorsque vous avez traversé ce moment, vous avez peut-être choisi de « penser » et d’évoquer votre croyance en un Dieu tout-puissant, ou bien vous avez cherché du réconfort auprès d’une personne hiérarchiquement importante dans votre vie, quelqu’un qui, symboliquement, représentait la toute-puissance. Nous faisons aujourd’hui référence, en particulier, aux relations que nous entretenons avec nos proches, ceux et celles qui occupent une place privilégiée dans notre cœur. Le deuil associé à ce genre de perte – qu’il s’agisse de la fin de vie ou d’un éloignement émotionnel – est un deuil qui se consume au fil du temps. Soit nous oublions progressivement l’importance que cette personne avait dans notre vie, soit nous apprenons à composer avec son absence et à continuer de bâtir notre propre avenir. Dans tous les cas, vous avez traversé un processus qui a structuré l’énergie suivant cet événement. Tout dans notre univers actuel appartient à des schémas distincts et naturels qui suivent simplement le courant. Ces schémas sont bien entendu divisés en thèmes, particularités et essences. Le deuil est une essence qui nous permet de maintenir l’appareil psychique en vie tout en essayant de comprendre ce qui se passe réellement dans notre propre vie à cet instant précis. Le deuil devient alors un élément complémentaire et essentiel de l’amour, de la compassion et des comportements éthiques envers autrui, puisqu’il sert aussi de repère et de boussole face aux aléas de la vie. Le deuil, malgré la douleur qu’il nous procure, finit par guérir et nous fait évoluer et mûrir, tout en nous ramenant vers l’essentiel : le véritable amour, lui, ne meurt jamais.

 

De la même manière, l’énergie de Dieu est un schéma doté d’une structure spécifique qui accomplit les rôles pour lesquels elle fut originellement conçue. Vu sous cet angle, l’énergie divine nous propulse vers l’avenir tout en insufflant amour et lumière à tout ce qui croise son passage. C’est une énergie à l’identité unique, que l’être humain ne saisit pas nécessairement, d’où la construction, dans nos représentations mentales, de la forme de Dieu. Nous pensâmes Dieu, et Dieu devint. Mais lorsque le deuil survient, nous constatons malheureusement que penser Dieu ne signifie pas nécessairement sa présence dans nos moments de fragilité. Cela indiquerait-il la non-existence de Dieu, ou symboliserait-il plutôt l’incapacité du schéma divin à s’écarter de la voie qui lui était destinée ? Ce n’est ni l’un ni l’autre. Nous avons simplement eu une réaction essentiellement humaine, celle de blâmer symboliquement « l’individu divin » ou notre représentation de Dieu, plutôt que d’essayer de comprendre les mécanismes d’une hiérarchie divine et des différents départements institutionnels qui servent à maintenir la loi et l’ordre dans nos vies. Cependant, cela ne signifie en rien que la souffrance, la perte, la misère et les autres difficultés de la vie doivent être vécues sans soutien ni résolution divine.

 

Ce que nous tentons de vous présenter, c’est que votre représentation mentale de la divinité a possiblement été influencée par un metteur en scène obscur, dont l’identité ne s’est pas révélée à votre conscience, et qui a projeté un schéma d’absence divine plutôt que de présence divine. Voilà le secret de polichinelle de l’humanité. Cela pourrait-il répondre adéquatement à votre question sur l’absence de protection et d’intervention divine face aux expériences douloureuses que vous avez vécues ? L’essence de l’humanité est une essence d’amour et de miséricorde envers l’autre. Nous ne sommes pas faits pour la dépravation, la dégradation de notre sol et les guerres sans fin contre nos frères et sœurs ; mais si un schéma étranger au nôtre devait se présenter et nous pousser vers le précipice, il est fort possible que votre réaction immédiate soit un appel à l’aide au traumatisme et à sa cavalerie, nommément l’insensibilité, la victimisation et l’angoisse. Cela nous ramène donc à un point essentiel : le monde de l’obscurité gagne en marionnettes humaines à diriger et creuse ce grand fossé que nul ne sait actuellement combler. Cependant, nous ne pouvons pas en attribuer toute la responsabilité à l’humanité, puisque les voiles de l’illusion ont obscurci nos yeux pendant des décennies. Une prise de conscience est donc tout aussi nécessaire pour que nous puissions avancer vers l’univers du Bien plutôt que vers celui de la destruction du sacré sur Terre. Ce serait cela, la différence entre censurer votre gouvernance plutôt que de censurer le mal qui la ronge en secret, critiquer l’intervenant qui vous vient en aide plutôt que de critiquer les politiques organisationnelles qui lient ses mains, accuser Dieu plutôt que d’accuser celui qui nous a aliénés de Dieu. Le but de notre éditorial n’est pas non plus de semer le doute quant à ce qui vous protège au quotidien et assure votre santé mentale. Mais il vise assurément à vous orienter vers d’autres pistes de réflexion sur la nature et la réalité de votre existence.

 

Il est certain que, selon les lecteurs d’aujourd’hui, des questions sur la pluralité des religions sur Terre et donc des conceptions de Dieu se poseront. Mais vous êtes-vous attardés sur cette question intrigante : s’il n’y a qu’un seul Dieu pour tous, pourquoi différons-nous autant culturellement ? S’agirait-il de différentes façons de concevoir sa présence par rapport à son absence, ou venons-nous de mondes uniques où chaque représentation a reçu le soutien de son peuple ? La pensée spirituelle est-elle, selon vous, un intermédiaire entre votre monde humain et la conception de Dieu, ou bien est-elle une fusion entre humanité et divinité ? Pourrions-nous même évoquer le schéma de l’humanisation de Dieu ? Notre rôle ou schéma à énergie distincte n’est pas de fournir une réponse absolue à cet ensemble de questionnements, mais plutôt de vous inviter à réfléchir plus profondément sur la nature et la raison qui sous-tendent votre existence dans la pluralité des points de vue et des expériences des autres. Car oui, l’autre existe aussi. L’autre existe en nous tout comme nous existons en lui. Nous ne pensons pas forcément à la structure de l’autre, et pourtant l’autre devint également. Le bénéfice d’avoir une identité commune à son peuple est d’obtenir immédiatement une réponse à bon nombre des questions posées plus haut. Votre peuple démontre le schéma auquel vous appartenez et l’énergie qui vous accompagne au quotidien. Une fois de plus, les schémas se subdivisent en d’autres aspects tels que la masculinité, la féminité, la vertu, la sagesse, l’humilité, etc. Ces schémas servent à la fois de repère et de boussole sur vos cartes existentielles, mais ils ne peuvent représenter à eux seuls la véritable toute-puissance de celui qui est à la source du commencement du temps et de la création. Nous vous exhortons donc à ne pas creuser ce fossé, mais plutôt à découvrir la meilleure manière de nous rapprocher les uns des autres en tant que véritable humanité, issue de la véritable divinité.

 



Lumière au creux d’un fossé dans la forêt
Lumière au creux d’un fossé dans la forêt





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