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LE CERCLE

Avenue Éditoriale No. 15: 15 décembre 2024 


Le ‘X’ prend enfin son envol. Malgré la polarité binaire de l’essence même de l’existence humaine, il est désormais possible de se voir renaître sous le signe d’un ‘X’. Ce ‘X’ symbolique, que nous pourrions associer à l’incertitude de la raison d’être chez autrui, a entrepris tout un chemin. Ainsi, il est devenu le signe porteur d’une société ouverte, tolérante et en amont de l’évolution des mœurs du XXIe siècle. Le ‘X’ apaise les doutes et l’angoisse. Il répond à la question que nous nous posons tous en tant que société humaine : Qui suis-je réellement ? Paradoxalement, ce même ‘X’ ne permet pas de répondre à cette question, mais y insuffle plutôt l’incompatibilisme entre les deux axes de la loi de la polarité : Je ne suis ni Homme, ni Femme, mais Je suis tout simplement. Dans cette perspective, notre enveloppe biologique cesse de nous prédisposer à des tendances plus masculines ou plus féminines. L’accent est mis sur le déterminisme social et culturel, transformant ainsi l’espace en un lieu dédié à la mouvance, où seul le libre arbitre détient le pouvoir de porter la Couronne. Néanmoins, si cette règle est effectivement appliquée, le pouvoir a simplement changé de main en s’éloignant de la loi de la causalité, mais cela ne permet toujours pas de répondre à la question existentielle suprême mentionnée plus tôt : Mais qui sommes-nous réellement et que faisons-nous sur Terre ?


C’est le libre arbitre qui permet donc aujourd’hui d’apposer sur des documents officiels le signe du ‘X’. Ce ‘X’ donne la possibilité de se faire reconnaître par l’autre en tant que personne non-genrée, non-binaire ou en appartenance à une identification autre que ‘homme’ et ‘femme’, voire néo-humaine. Le ‘X’ s’infiltre dans des cercles jadis fermés, scellés et restreints à différents groupes sociaux. Mais au-delà des petites réalités humaines structurées par les mouvements intellectuels de chaque époque, les cercles demeurent des structures métaphysiques éternelles, essentielles à l’organisation d’un Univers Bon et Bien, gouverné par une autorité hiérarchique transmettant la nature de sa sagesse. Il est tout à fait compréhensible que le genre de cercle que nous venons de décrire puisse déranger actuellement, puisqu’il se présente avec une certaine rigidité structurelle où l’uniformisation est considérée comme l’Idéal à prescrire. Mais une nuance fine existe entre uniformisation et Unité. Lorsqu’un peuple s’uniformise afin d’intégrer tous les compartiments créés, chaque membre exerce un rôle bien défini dans une pièce de théâtre. C’est la standardisation du vécu humain qui se manifeste. Mais les enfants de Dieu ne sont pas des êtres homogènes, mais bel et bien des êtres hétérogènes, puisqu’être, c’est manifester sa ‘présence’ ou son individualité chez autrui. C’est pour cette même raison que toute absence soutenue – qu’importe la manière dont elle se manifeste dans la vie humaine – peut déclencher une décompensation de la capacité à s’aligner à la réalité. Prenons l’exemple de n’importe quel enfant dans le monde qui se retrouve né orphelin ou institutionnalisé. Peu importe les éléments culturels présents, les conséquences de l’absence d’amour sur le développement du jeune humain sont catastrophiques. Cela nous démontre justement que cette « présence » ne se manifeste pas dans le vide ou face à la liberté absolue. Un point central de contact est nécessaire afin que la « présence » puisse se développer dans un environnement où la liberté peut être accordée. Un cercle familial sain devient le plus bel exemple de cercle que nous pourrions proposer, puisque ce cercle contient des modèles préexistants de la nature de « l’être » et du « devenir » humains. La famille saine, c’est l’exemplification de la cyclicité de la vie et de la représentation du cercle infini de la vie. Nous vivons, nous mourons, mais nous ne cessons pas d’exister.


Au-delà de sa transmission généalogique et culturelle, le cercle familial débute donc l’enracinement cognitif, la territorialisation de notre identité et la capacité de penser sa présence en relation avec l’autre. Le ‘X’ est-il le premier marquage historique de la zone de fracture au sein des cercles ? Dans une structure familiale saine, l’enfant établit ses points de repère face à la tension du monde extérieur. Accablé par les différents fils de réflexion d’une multitude de pensées groupales, l’enfant doit pouvoir se ressourcer dans sa zone de cercle intime et se baser sur la présence de sa famille afin d’organiser ses pensées. Le ‘X’ n’est en aucun cas une manifestation du chaos ou de la perte de repères. Le ‘X’ est certes, en revanche, une expression de l’effondrement de cercles ayant jadis été des poids lourds dans la vie de nos enfants. La hiérarchie n’est plus vue comme étant le symbole nécessaire d’un modèle préexistant de la présence de Dieu au sein des cercles, mais plutôt comme une autorité écrasante, gérée et dominée par un patriarche auto-choisi. De nouveaux modèles d’existence commencent donc à se propager. La Terre est devenue un monde où le cercle familial restreint ne sert plus de point de repère dans l’organisation et la formation de la pensée. Tous les cercles se sont ouverts à tous sans exception et l’être humain a désormais droit à l’illusion d’un libre arbitre absolu qui consiste à organiser sa pensée autour de tout en tout temps. Cette vision est considérée comme étant la nouvelle utopie de la construction de la vie humaine sur Terre, mais inclusivité ne symbolise pas nécessairement égalité, puisque l’égalité est une autre structure se penchant vers l’uniformisation des peuples. Il est étrange, donc, que l’être humain mène une guerre sans merci contre la dictature alors que la plus grande dictature de tous l’étouffe déjà de sa présence imposante.


Les cercles, tels qu’ils ont été originellement pensés, sont-ils donc la solution à ce dilemme moderne de la société humaine ? Face à « l’absence », l’être humain cesse de créer du sens dans sa vie. Cela donne lieu à de l’angoisse existentielle, ou un ressenti fatidique de ne plus « être », de ne plus « exister » face à un autre qui vient de nous signaler à quel point la manifestation de notre présence n’a aucune importance pour elle ou lui. Mais le ‘X’ reprend ce rôle même si cela se produit sous la bannière de l’illusion que tout peut être contrôlé dans l’univers grâce à la liberté absolue de penser. Le ‘X’ dénote l’absence mais le ‘X’ tel qu’il manifeste sa présence tente de créer du sens face à cette absence. Et d’un claquement de doigts, la vie reprend son fil naturel – un nouveau cercle s’est formé, le cercle des ‘X’, là où tous les ‘X’ peuvent s’unir sous une seule et même identité. Cette identité, c’est ce que l’humain appelle actuellement le rejet du traditionalisme oppressant. Mais réfléchissez-y. Le ‘X’ a-t-il pu répondre à la question qui a démarré l’Éditorial de ce mois-ci ? Peut-être pas, puisque le ‘X’, en tant qu’absent, est lui-même en quête de la présence absolue.

 




Le Cercle de la Vie
Le Cercle de la Vie (Image générée par IA et fournie par Canva)





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